Page:Marchand - Nos travers, 1901.djvu/216

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tres, nous apprendrons à la faire servir à notre plus grand bien.

Nous disions donc qu’à part les lois (dont on se plaint beaucoup), il n’y a guère de bienfaits nationaux auxquels la femme n’a pas contribué chez nous.

Faut-il rappeler son initiative, son courage égal à celui des plus vaillants, sa souveraine influence dans la fondation de la colonie ? Voudrait-on que je fisse la nomenclature des innombrables institutions que son zèle diligent a fondées depuis, sur la surface de notre immense territoire ? Est-il bien des formes de la misère et de la souffrance humaines, dites-moi, auxquelles elle ne se soit attaquée et qu’elle n’ait réussi à pallier ?

La meilleure réponse à ces questions c’est que l’État, se désintéressant de l’éducation supérieure des filles, de l’assistance publique et des œuvres de bienfaisance en général, s’en remet entièrement à l’initiative et à la compétence féminine pour tout ce qui s’y rapporte.

Tout favorise donc, en ce pays, l’expansion du féminisme ! Et l’expérience du passé et les facilités que cette expérience donne à l’avenir, et la liberté dont nous jouissons, car si nous sommes bienvenues à vivre dans une complète oisiveté, selon qu’il nous plaît, on nous laisse également libres de participer, nous privilégiées, dans la mesure de nos forces, à l’amélioration du sort des moins favorisés. Un pays ne repousse pas les services de ses enfants. L’histoire, au contraire, nous montre les nations acceptant avec bonheur le salut de la main d’une femme, ce qui fait qu’il n’y a pas beaucoup d’États qui n’aient eu leur époque féministe également. On dirait qu’à cette lumière de l’histoire, la femme, réalisant tout à coup la virtualité de son pouvoir, a eu l’idée d’organiser, de centraliser ses forces éparses : d’où le féminisme moderne.

À quoi vise cette agitation dont le mouvement comme une marée puissante s’étend à tous les pays du monde ? Que signifie cette levée volontaire d’une armée active, ardente mais pacifique ?