Page:Marco Polo - Le Devisement du monde, 1556.djvu/57

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.


De la cité de Sopurgam & de ses limites.
Chapitre     XXIX.



Sortans de ceste province, on entre en une autre assez delectable, par ce qu’il y a coustaulx, campaigne & bons pasturaiges, & oultre grande quantité de bons fruictz, Car la terre y est fertile, & n’a indigence d’autre chose fors d’eaue, mais Pays fort sec & aride. il fault cheminer vingcinq ou trente lieues au paravant que trouver quelque peu deaue : & si les passans ne portoient avec eulx leur eaue, ilz seroient en danger de souffrir grande soif, ce que advient mesmes aux chevaulx & bestail : pour ceste cause fault en grande diligence cheminer par ce pays, & mesmement a l’endroict ou la terre est ainsi aride. Oultre ceste grande secheresse, le pays contient beaucoup de villes & bourgades, dont les habitans recongnoissent Mahumet. De la on vient à la cité de Sopurgam. Sopurgam, en laquelle on trouve grande quantité de toutes sortes de vivres, mesmement de melons, lesquelz ilz departent avec des filetz comme on faict les courges, & apres les avoir faict dessecher, les portent vendre es lieux circonvoysins qui en font grande estime, car ilz ont presque aussi grande doulceur comme le miel : il y a semblablement en ce pays belles chasses, tant de vennerie que faulconnerie pour les bestes & oyseaulx.