Page:Marco Polo - Le Devisement du monde, 1556.djvu/84

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ces, qu'il annexa à son royaulme. Et quand il prenoit quelque ville ou chasteau, jamais ne permetoit tuer aucun, ne le spolier de ses biens, qui voluntairement se fust rendu & submis à sa subjection, ou qui luy eust donné confort & ayde à subjuguer les autres citez, par quoy usant de telle humanité, se feit aymer & priser de tous. Donc se voyant desja eslevé en si grande gloire et puissance, envoya ses ambassadeurs vers le Roy Uncham, auquel au paravant il avoit esté tributaire, pour luy demander sa fille en mariage. Ce que le Roy Uncham prenant à grande injure, leur auroit par indignation respondu, j'aymerois mieulx avoir fait brusler ma fille, que l'avoir mariée à mon serviteur. Et en dechassant les ambassadeurs de Chinchis, leur dist : Dictes à vostre maistre, Pource que tu es parvenu à si grand orgueil & presumption, que tu as osé entreprendre de demander à femme la fille de ton seigneur, pour empescher que tu ne joysse de tes desirs, je la feray mourir de male mort.


De la victoire des Tartares contre le Roy Uncham       Chap.   LII.



Ayant le Roy Chinchis entendu l'outrageuse response du Roy Uncham, duquel il estoit ainsi mesprisé, assembla ses forces, & feit marcher son armée contre luy, en deliberation de se venger de tel outrage, & vint asseoir