Page:Marco Polo et al. - Deux voyages en Asie au XIIIe siècle, 1888.djvu/10

La bibliothèque libre.
Cette page a été validée par deux contributeurs.

lence résultant de leur voyage, les voyageurs auraient dû trouver quelque créance pour les récits qu’ils faisaient sur les pays visités par eux. Mais il y avait dans ces récits tant de prodigieuses assertions ; la généralité des faits qui en formaient le fond s’éloignait tellement des réalités européennes, qu’on soupçonnait les trois millionnaires de traduire non de fidèles souvenirs, mais les suggestions d’une très féconde et très fantaisiste imagination.

« A beau mentir qui vient de loin, » disait déjà le proverbe, qui leur était communément appliqué. Et c’était avec des sourires d’incrédulité que leurs compatriotes les écoutaient affirmer à qui mieux mieux les merveilles du lointain empire. « Bah ! paroles en l’air ; autant en emportera le vent ! »

Et autant, en effet, en eût emporté le vent si un jour Marco, alors prisonnier de guerre des Génois, ne se fût avisé de dicter à un nommé Rusticien, de Pise, son compagnon de captivité, – qui d’ailleurs les transcrivit en français du temps, – la relation circonstanciée de son voyage et le tableau des choses vues et observées par lui[1]

  1. Cette relation, que le Vénitien avait tout simple-