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II
De quelle manière le roi Koubilaï a souffert la rébellion de son oncle Naiam.


Nous avons dit que le roi Koubilaï ne s’est trouvé qu’une fois à la tête de son armée ; maintenant il faut dire à quelle occasion. L’an de Notre-Seigneur 1286, son oncle du côté paternel, nommé Naiam, étant âgé de trente ans et se voyant maître d’un grand peuple et de plusieurs pays, se trouva tellement enflé de vanité qu’il résolut de se révolter contre son seigneur Koubilaï, et mena contre lui une grande armée ; et pour mieux réussir dans son entreprise, il s’allia avec un roi nommé Caydu, qui était neveu de l’empereur Koubilaï, et qui le haïssait ; de sorte que, pour appuyer sa rébellion, il lui promit de venir le joindre en personne à la tête de cent mille hommes. Or ils avaient résolu de s’assembler dans une certaine plaine avec leurs troupes pour faire une irruption sur les terres de l’empereur. Naiam avait environ quarante mille hommes de troupes.

III
De quelle manière Koubilaï se précautionna contre ses ennemis.


L’empereur, n’ignorant pas ce que ses parents machinaient contre lui, et avec quelle animosité ils étaient portés à conspirer contre sa personne et son État, jura par sa tête et par sa couronne impériale qu’il vengerait une si grande insolence et qu’il punirait une si noire perfidie. Après quoi il assembla en trois semaines une nombreuse armée composée de trois cent soixante mille cavaliers et de cent mille hommes de pied, qu’il tira seulement du voisinage de la ville de Cambalu. Et, quoiqu’il eût pu lever une plus grande armée, il ne voulut pas le faire, pour être plus tôt en état de sur-