Page:Marco Polo et al. - Deux voyages en Asie au XIIIe siècle, 1888.djvu/210

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rait le secours de votre Dieu dans sa malice ; mais lui, comme un Dieu qui est bon et juste, n’a point voulu favoriser ses mauvais desseins. » Ensuite il ordonna aux juifs et aux mahométans et à tous les ennemis du nom chrétien de ne pas blasphémer davantage contre le Dieu des chrétiens ni contre sa croix ; et de cette manière il leur imposa silence. Koubilaï, ayant ainsi apaisé le tumulte, s’en retourna, rempli de gloire et de joie de sa victoire, à sa ville royale de Cambalu[1].

VII
De quelle manière le Grand Khan récompensa ses soldats.


Le roi Koubilaï, ayant été vainqueur, récompensa les généraux, les capitaines et les soldats de son armée en cette manière. Celui qui commandait avant cela à cent soldats fut élevé à un plus haut degré, le faisant chef de mille, et ainsi des autres chefs ; il leur fit aussi présent de vases d’or et d’argent, de tablettes royales, sur lesquelles étaient gravés des privilèges et des exemptions. D’un côté de ces tablettes était écrit : « Par la vertu toute-puissante du grand Dieu, et à cause de la grâce qu’il a accordée à l’empereur, le nom du Grand Khan soit béni ! » De l’autre côté était gravée la figure d’un lion, avec le soleil ou la lune, ou l’image d’un griffon ou de quelque autre animal. Or quiconque a une de ces tablettes avec le soleil ou la lune empreints dessus, lorsqu’il marche en public, on lui porte le pallium pour marque de sa grande autorité ; celui qui a la figure du griffon peut conduire et mener avec lui, d’un lieu à un autre, toute la milice de quelque prince que ce soit ; et de cette manière ces tablettes montrent le degré d’honneur et de dignité de ceux qui les possèdent, suivant les différentes choses qui y sont gravées, et qui sont significatives du pou-

  1. Khan-Balikh, ou la ville du Khan, aujourd’hui Pékin. (P.)