Page:Marco Polo et al. - Deux voyages en Asie au XIIIe siècle, 1888.djvu/229

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ordinaire ; le roi vend son blé à un prix quatre fois moindre que les marchands. De même, quand la peste a détruit les bestiaux, il remet le tribut de cette année-là, et leur en donne d’autres à bon marché. Outre cela, pour que les voyageurs ou les courriers ne s’égarent point des chemins, il a fait planter des arbres d’espace en espace ; en sorte qu’en suivant la route marquée par ces arbres on ne saurait se tromper. Il est incroyable combien le roi nourrit de pauvres en toute l’année, et combien de pain il fait distribuer du blé de ses greniers pour leur subsistance. Ce que je peux dire, c’est que le nombre des pauvres se monte environ à trente mille, à qui il fournit du pain tous les ans, et qu’il n’en laisse manquer à personne. C’est pourquoi aussi les pauvres le regardent comme un dieu.

XXV
De quelle boisson on use dans la province de Cathay, à la place du vin.


Ils font dans la province de Cathay une fort bonne boisson composée de riz et de plusieurs parfums, laquelle par sa douceur surpasse la bonté du vin[1]. Et ceux qui en boivent trop ou qui n’ont pas la tête forte en sont plus tôt enivrés que s’ils avaient bu du vin.

XXVI
Des pierres qui brûlent comme le bois.


Par toute la province de Cathay, on tire des pierres

  1. Le vin de riz ou sakki, dont on obtient par la distillation l’arak, eau-de-vie très enivrante, est encore la boisson ordinaire des Chinois et des Japonais. « On s’étonne, dit M. Pauthier, que Marco Polo, en parlant de la boisson des Chinois, ne fasse pas mention du thé, qui pourtant était cultivé en Chine longtemps avant le passage du célèbre voyageur. On doit croire que les Mongols préféraient encore leur koumis et d’autres boissons plus enivrantes que le thé. »