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trois fils pour lui succéder, ils partagèrent la ville en trois parties, faisant ceindre chacun sa part de fortes murailles ; mais le Grand Khan a réduit sous son obéissance et la ville et le royaume. Il passe une rivière, nommée Quianfu (le fleuve Kiang), par le milieu de cette ville. Cette rivière a un demi-mille de largeur ; elle est fort profonde et fort poissonneuse ; il y a plusieurs villes et châteaux bâtis sur ses bords ; son cours s’étend à quatre-vingt-dix journées de cette ville. Les vaisseaux chargés de différentes marchandises montent par cette rivière en grand nombre. Il y a dans la ville de Sindinfu un pont de pierre pour la traverser, qui est long d’un mille et large de huit pas ; et sur ce pont l’on élève tous les matins des boutiques de toutes sortes de marchandises, que l’on ôte le soir. Il y a aussi une maison bâtie sur ce pont, où demeurent les officiers du roi, pour recevoir un droit de tous ceux qui passent, de même que pour toutes sortes de denrées. En avançant à cinq journées de cette ville, on passe par une plaine où il y a des villes, des châteaux et beaucoup de maisons de campagne ; on trouve là aussi beaucoup d’animaux sauvages.

XXXVI
De la province de Tebeth.


Après la plaine dont nous venons de parler, on vient à la province de Tebeth (Thibet) que le Grand Khan a assiégée et désolée ; on en voit les restes par les débris de plusieurs villes et châteaux[1]. Elle peut avoir vingt journées de long. Et parce que ce n’est plus qu’une vaste solitude, n’y ayant presque plus d’habitants, il faut que les voyageurs portent leurs provisions en chemin pour vingt jours ; et après que les hommes l’ont eu abandonnée, les bêtes féroces s’en sont empa-

  1. La grande province du Thibet fut investie et assiégée par les armées de Mangu-Khan au milieu du treizième siècle.