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des pierres nommées turquoises, qui sont fort belles, mais qu’il n’est pas permis de transporter hors du pays. Les habitants de ce pays-là sont idolâtres. Leur monnaie principale consiste en grains d’or, qui valent suivant leur poids. Ils ont une plus petite monnaie qu’ils font de la manière suivante : ils cuisent dans une chaudière du sel, qui devient une espèce de pâte qu’ils coulent dans un moule et dont ils font de la monnaie.

Après avoir quitté cette province, on rencontre, au bout de dix journées de chemin, des châteaux et des villages en grand nombre, dont les habitants ont les mêmes coutumes que la province de Caniclu, et enfin l’on vient à une rivière nommée Brius, qui sert de borne à la province de Caniclu. On trouve dans cette rivière de l’or en abondance, et il croît sur ses bords du cinnamome en quantité.

XXXIX
De la ville de Caraiam.


Après avoir traversé la rivière de Brius, on vient à la province de Caraiam (dans le Yu-Nan), qui contient sept royaumes ; elle est sujette au Grand Khan, dont un fils nommé Esentemur était gouverneur de mon temps. Les habitants sont idolâtres ; le pays nourrit de très bons chevaux. Ils ont une langue particulière et difficile, La ville capitale s’appelle Jaci (Li-Kian-fou), qui est une ville considérable où l’on fait beaucoup de trafic ; il y a quelques chrétiens nestoriens et plusieurs mahométans. Ils ont du blé et du riz en abondance, quoiqu’ils ne fassent pas leur pain du blé, parce qu’ils ne sauraient le digérer à cause de la faiblesse de leur estomac, mais ils font leur pain de riz. Ils font aussi de plusieurs sortes de grains leur boisson, qui les enivre plus facilement que le vin ne pourrait faire. Ils se servent pour monnaie de certaines coquilles d’or et blanches, que l’on trouve dans la mer[1].

  1. Les coquilles dites porcelaines. (P.)