tares assiégés ne pussent pas donner avis de ce qui se passait au Grand Khan, leur prince ; autrement c’eût été fait de son île. Le siège dura sept mois, au bout desquels les Tartares, voyant qu’il n’y avait pas d’apparence de secours, rendirent la ville au roi de Zipangu, et s’en retournèrent sains et saufs chez eux. Cela arriva l’an de Notre-Seigneur 1289.
Les Zipanguiens adorent plusieurs idoles différentes : car les unes ont la tête d’un bœuf, d’autres d’un cochon, d’autres d’un chien, et enfin d’autres de divers animaux. Ils en ont qui ont quatre faces dans une même tête, d’autres trois, une à l’ordinaire et les deux autres à côté, sur chaque épaule. Il y en a enfin qui ont plusieurs mains, les unes quatre, les autres vingt, et d’autres jusqu’à cent ; celles qui ont le plus de mains sont estimées plus véritables. Et lorsqu’on demande à ces gens-là d’où ils tiennent cette tradition, ils répondent qu’ils imitent en cela leurs pères et qu’ils ne doivent point croire autre chose que ce qu’ils ont reçu d’eux[1]. Les Zipanguiens ont une autre coutume ; quand ils attrapent quelque étranger, s’il peut se racheter de leurs mains par argent ils le laissent aller ; mais s’il n’a point d’argent, ils le tuent et le font cuire ; après quoi ils le mangent avec leurs amis et leurs parents[2].