Page:Marco Polo et al. - Deux voyages en Asie au XIIIe siècle, 1888.djvu/280

La bibliothèque libre.
Cette page a été validée par deux contributeurs.

cadavre, mourraient à la fin de faim, de quoi l’âme du défunt souffrirait de grandes peines en l’autre monde. Ils enterrent les os dans les cavernes des montagnes, de peur qu’ils ne soient foulés aux pieds des hommes et des animaux. Et lorsqu’ils prennent un homme d’un pays étranger, s’il ne peut pas racheter sa vie avec de l’argent, ils le tuent et le mangent.

XVIII
Du royaume de Lambri.


Il y a encore un autre royaume dans la susdite île nommé Lambri, où il croît des arbres de brésil[1] en grande quantité ; lorsqu’ils ont poussé, on les transplante et les laisse trois ans en terre ; après quoi on les déracine de nouveau. Moi, Marco, j’ai apporté des graines de ces arbres avec moi en Italie, et je les ai fait semer ; mais ils n’ont pas poussé, faute de chaleur suffisante. Les habitants de ces pays-là sont idolâtres. On trouve quelques hommes qui ont une queue comme un chien, de la longueur d’une paume ; mais ils se retirent dans les montagnes. Il y a aussi des licornes et plusieurs autres sortes d’animaux.

XIX
Du royaume de Fansur.


Il croît dans le royaume de Fansur d’excellent camphre qui se vend au poids de l’or. Les habitants font du pain de riz, car ils n’ont point de blé. Ils font une boisson de la liqueur des arbres, comme nous avons expliqué ci-dessus. Il y a en ce pays-là de certains arbres,

  1. Le bois dit de brésil était dès longtemps connu en Europe, où on l’apportait comme matière tinctoriale, sans que ceux qui l’employaient en connussent la provenance exacte. Notons que, plus tard, le Brésil actuel dut son nom à cela que ceux qui le découvrirent y trouvèrent l’arbre qui fournit ce précieux bois.