Page:Marco Polo et al. - Deux voyages en Asie au XIIIe siècle, 1888.djvu/286

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guerre, et quand ils y vont, ils ne se revêtent point d’habillements propres à se garantir des coups, mais ils portent des boucliers et des lances. Ils ne tuent aucun animal ; mais quand ils veulent manger de la viande, ils font en sorte que des gens d’une autre nation tuent les animaux. Tant les hommes que les femmes se lavent le corps deux fois par jour ; et si quelqu’un voulait se dispenser de cette règle, il serait regardé comme un hérétique. Ils punissent rigoureusement les vols et les homicides. Ils n’ont pas l’usage du vin ; et si quelqu’un avait été surpris à en boire, il serait regardé comme un infâme et comme incapable de témoigner en justice. On refuse aussi comme témoins ceux qui ont osé s’exposer aux dangers de la mer, car on les regarde comme des désespérés.

XXVI
De quelques autres circonstances de ce pays-là.


Il ne vient point de chevaux dans le pays ; mais le roi de Lar et les quatre autres rois dépensent une grande somme d’argent, tous les ans, pour en acheter. Car il n’y a point d’année qu’ils n’en achètent plus de dix mille, que les négociants amènent d’autres pays, et dont ils tirent un grand profit. On achète plusieurs fois des chevaux dans une année, parce que les chevaux ne sauraient vivre longtemps dans ce pays-là, et que ceux qui en ont soin ne savent par quel moyen guérir leurs maladies ; quand quelques cavales mettent bas leurs poulains, ils ont toujours quelques défauts qui les rendent inutiles, car ils viennent avec les pieds tordus ou quelques autres incommodités. Il ne croît aucun blé dans cette province ; mais il y a beaucoup de riz, dont il est impossible de nourrir les chevaux, à moins qu’on ne leur donne ce riz cuit avec de la viande. En ce pays-là il ne pleut guère que dans les mois de juin, juillet et août : s’il ne pleuvait pas dans ces mois-là, personne ne pourrait vivre à cause de l’extrême cha-