Page:Marco Polo et al. - Deux voyages en Asie au XIIIe siècle, 1888.djvu/303

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chaleur il est impossible de trouver de l’herbe sur terre. Il se fait trois mois de l’année une pêche, où il se prend une si grande quantité de poisson qu’il est impossible de l’exprimer : ces mois sont mars, avril et mai. Ils sèchent ces poissons et les gardent ; et ils en donnent toute l’année à leurs bêtes au lieu de pâturage. Ces animaux mangent plus volontiers de ces poissons secs que des poissons frais. Les habitants font aussi du biscuit de poisson sec, et voici comment : ils coupent le poisson fort menu et le réduisent en poudre, après quoi ils en font une pâte et la laissent sécher au soleil ; et ils mangent, eux et leurs bêtes, de ce pain-là toute l’année.


Ici prend fin en réalité la relation régulière de Marco Polo ; mais les divers manuscrits qui nous l’ont conservée, et qui jusque-là s’accordent comme disposition générale des matières, offrent une partie supplémentaire plus ou moins étendue, où sont rangés, sans qu’un même ordre y soit observé, des notes détachées, des récits épisodiques. Sans aucun doute, ces fragments émanent de la même main que le corps du livre. Son récit principal achevé, l’auteur a voulu y joindre maints souvenirs qui n’avaient pu y trouver place ; mais les copistes sont venus qui ont fait, chacun à leur manière, un choix dans cet ensemble accessoire. Le texte que nous avons suivi a gardé quatre chapitres consacrés aux pays qui s’étendent entre les frontières septentrionales de la Chine et les régions polaires. Ces pays, qui forment ce qu’on appelle aujourd’hui la Russie d’Asie et qui restèrent absolument inconnus des Occidentaux jusqu’au siècle dernier, durent forcément de très longue date être, comme aujourd’hui, en relations fréquentes et suivies avec le grand empire qui les avoisine. Pendant son séjour au Cathay, Marco Polo fut donc à même de se renseigner très exactement sur ces contrées et sur leurs habitants. Nous en trouvons la preuve dans