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ACQUITTÉE

mieux Jaber Effendi quand il me parle. On l’appelle, il m’explique.

— Ne saisis-tu pas que tu es « hors », libre !

— Libre, ah ! comme je comprends ce mot… libre.

Je prends la main du directeur entre mes deux mains, je la serre, je le remercie, je lui dis qu’il est beau, bon, gentil. Je saute, je tape sur l’épaule de tous les soldats qui assistent à la scène sans broncher.

Je leur crie : Hors… hors !… libre… libre !… Je peux partir ?

Le directeur de la police incline la tête en un signe affirmatif avec un bon sourire.

Je m’élance vers le petit escalier-échelle, je me retourne en riant aux éclats, j’adresse des bonjours à tous.

Enfin, Jaber Effendi, plus sérieux et froid que jamais, intervient. D’un ton rogue, dur, il m’interpelle :

— Zeînab, es-tu folle ?

« Maloum ». Naturellement. Oui, oui, folle de joie. Et, je m’élance dans une course éperdue, sans repasser dans mon cachot, je cours d’un souffle à travers les escaliers, les policiers et les rues… jusqu’à la Légation de France.



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