Page:Marguerite de Navarre - Deux farces inédites, éd. Lacour, 1856.djvu/17

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CATHERINE.

                      Je croy que non.

CLÉMENT.

   Puis, vous avez, j'en suis records,
   Ung esprit digne de ce corps,
   Voire tel, sur ma conscience,
   Que pour moy, en toute science,
   Je le vouldroys.

CATHERINE.

                   S'il y en a,
   Il vient de Dieu qui le donna,
   Et en loue sa bonté haulte.

CLÉMENT.

   Au reste, vous n'avez point faulte
   De ceste bonne grâce exquise,
   Laquelle est toujours tant requise
   En la beaulté.

CATHERINE.

                 Je vous asseure
   Que je vouldroys estre bien seure
   D'avoir bonnes meurs[6].

CLÉMENT.

                           Au surplus,
   Il n'est rien qui abaisse plus
   Beaucoup de cueurs que povre race:
   Mais Dieu vous a faict ceste grâce
   D'estre yssue de bons parens,
   Bien nez, riches et apparens,
   Qui vous ayment.

CATHERINE.

                   Je n'en doubte.

CLÉMENT.

   Que diray plus? Croyez qu'en toute
   Ceste ville, je ne voy point
   Fille qui me vinst mieux à point,
   Ne que pour moy sitôt l'esleusse.
   S'il plaisoit à Dieu que je l'eusse
   Pour ma femme.

CATHERINE.

                 Aussi pour époux,
   Je ne vouldroye aultr