Page:Marguerite de Navarre - Deux farces inédites, éd. Lacour, 1856.djvu/32

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vous diriez

   Qu'on ne peut plus sainctement fere,
   Que ne tenir, en cest affaire,
   Compte de parens ne tuteurs?

CLÉMENT.

   Priez doncques ces beaux docteurs
   Qu'aux saincts escriptz ils vous en trouvent
   Quelque passage, et s'ils ne peuvent,
   Commandez-leur de boyre un verre
   De bon vin de Beaune ou d'Auxerre!
   Ils pourront bien faire cela.
   Quant ses parens on laisse là
   Infidelles, pour Jésus suivre,
   Cela, c'est son salut poursuyvre;
   Mais ses parens chrestiens quitter
   Pour en moynerye habiter,
   Qui est souvent, et j'en réponds,
   Pour les mauvais laisser les bons,
   Quelle dévotion peult-ce estre?
   Encores ceulx que le bon maistre
   Jésus-Christ avoit convertiz
   À la foy, du temps des gentilz,
   Estoient tenus, par tous moyens,
   Servir à leurs pères payens,
   Autant comme il se povoit fere
   Sans foy chrestienne forfaire!

CATHERINE.

   Vous tenez donc pour mauvais
   Cest ordre de vivre?

CLÉMENT.

                        Non fais!
   Mais tout ainsi qu'aux enserrés
   Et qui du tout se sont fourrés,
   Je ne vouldroys persuader
   D'en sortir hors, ne demander,
   Ains sans scrupulle, ne doubte,
   Puys conseiller à fille toute,
   Mesme de gentille nature,
   De n'entrer point à l'adventure
   En lieu dont ne puissent sortir:
   De ce vous puis bien advertir;
   Veu mesmes que, le plus souvent,
   Virginité en ung couvent,
   Plus tost qu'ailleurs, est en danger,
   Et que, sans vostre habit changer,
   Povez fere autant d'oeuvres bonnes
   Au logis, comme en font les nonnes
   En le