Page:Marguerite de Navarre - Deux farces inédites, éd. Lacour, 1856.djvu/35

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remièrement

   Que saluer[10]?

CLÉMENT.

                  Je ne suis pas
   En ce lieu couru le grant pas,
   Pour vous veoir ainsi lermoyant,
   D'où vient cela que, me voiant,
   Voz yeulx ont esté explourez?

CATHERINE.

   Mais enfuyez!... Vous demourez,
   Je prendray ung austre visage.

CLÉMENT.

   Quel oiseau et mauvais présage
   Voy-je là, qui jaze en cueur
   De vieulx drappeaulx[11]?

CATHERINE.

                            C'est le prieur
   De ce couvent que vous sçavez.
   Je vous pry, si haste n'avez,
   Ne bougez, et m'en vuellez croire,
   Ils s'en vont achever de boyre:
   Séez vous ung peu icy près,
   Il s'en va tantost, et après
   Nous en deviserons tous deux,
   À notre mode.

CLÉMENT.

                Je le veulx,
   Et vous obeyray de faict:
   Ce qu'à moi vous n'avez pas faict.
   Or nous voicy seulletz. Là doncq,
   Comptez la fable tout du long:
   Elle me semblera meilleure
   De vostre main.

CATHERINE.

                  Je vous asseure
   Qu'entre tant d'amys que congnoys,
   Et que bien prudents je tenoys,
   Je n'ai point eu conseil plus saige
   Que de vous, le plus jeune d'aage
   De toute la trouppe.