pour remonſtrãce que lon luy euſt ſceu faire. Mais, diſt Simontault, vous auez oublié la principale choſe, qui la feit retourner à ſon mary, c’eſt, que le chanoine auoit quatre vingts ans, & ſon mary eſtoit plus ieune qu’elle. Ainſi gaigna ceſte bonne dame en tous ſes marchez. Mais ſi le chanoine euſt eſté ieune, elle ne l’euſt point voulu abandonner. Les enſeignemens des dames n’euſſent pas eu plus de valeur, que les ſacrements qu’elle auoit prins. Encore me ſemble il, diſt Nomerfide, qu’elle faiſoit bien, de ne confeſſer point ſon peché ſi aiſément : car ceſte offenſe lá, ſe doit dire à Dieu ſeulement, & la renier fort & ferme deuant les hommes. Car encores qu’il fuſt vray, à force de mentir & iurer, on engendre quelque doute à la verité. Si eſt-ce, diſt Longarine, qu’vn peché a grand peine peult il eſtre ſi ſecret, qu’il ne ſoit reuelé, ſinon quand Dieu le couure en ceux qui pour l’amour de luy en ont vraye repentance. Et que diriez vous, diſt Hircan, de celles qui n’ont pas pluſtoſt faict vne folie, qu’elles ne la racõptent à quelque vne ? Ie le trouue bien eſtrange, diſt Lõgarine, & eſt ſigne que le peché ne leur deſplaiſt pas. Et, comme ie vous ay dict, celuy qui n’eſt couuert par la grace de Dieu, ne ſe ſçauroit nier deuant les hommes, & y en a maintes qui prennent plaiſir de parler de tels propos, & font gloire de publier leurs vices : & autres, qui en ſe couppant ſ’acuſent. Si eſt ce coupper bien lourdemẽt, diſt Saffredẽt : mais ie vous prie, ſi vous en ſçauez quelqu’vne, que ie vous dõne ma place, & que vous la nous diſiez. Or eſcoutez donc, diſt Longarine,
parlant en tierce perſonne, ſe declara par megarde.
NOVVELLE SOIXANTEDEVXIESME.
v temps du Roy François premier, y auoit
vne dame du ſang royal accompagnée
d’honneur, de vertu, & de beauté, & qui
ſçauoit bien dire vn compte, & de bonne
grace, & en rire auſsi, quand on luy en diſoit
quelqu’vn. Ceſte dame eſtant en vne
de ſes maiſons, tous ſes ſubiects & voiſins