Page:Marguerite de Navarre - Lettres, éd. Génin, 1841.djvu/134

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NOTICE

pour ne pas se séparer de ses deux amies ; à la rigueur, cette dernière ne devrait concourir que pour le prix d’amitié. On propose le cas à la reine de Navarre, quile trouve merveilleusement ardu : Pensay en moy que c’estoit un subjet Digne d’avoir un Alain Charretier. Effectivement Alain Chartier a écrit en prose un Débat des trois dames qui est de la même nature que celui-ci. Après des plaidoyers et des raisonnements infinis, Marguerite se récuse, et l’on propose de s’en rapporter à la décision de l’homme de France le plus sage et le plus éclairé en toutes matières ; on ne le nomme pas, le dépeint au moral et au physique : c’est le Roi. Ici, un portrait de François Jer, pour lequel la tendresse de Marguerite ne trouve pas de couleurs trop flatteuses ni d’éloges assez forts ; mais, comme venant d’elle il pourrait sembler suspect, par une ingénieuse délicatesse elle le met dans la bouche des belles plaideuses : C’est luy que ciel et terre et mer contemple ; La terre a joye le voyant revestu D’unc beauté qui n’a point de semblable, Au prix duquel tout beaux sont ung festu. La mer devant son pouvoir redoutable Doulce se rend, congnoissant sa bonté, Et est pour lui contrc tous secourable. mais on