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DE LA REINE DE NAVARRE.

race, ses armes et l’antiquité de sa maison, à l’imitation de ceulx de Rohan, il ne véroit personne (encores que le proche parentaige qui est entre eulx semblast l’empescher) où il peust marier sa fille, que à M. de Gié. Pour tenter ces occasions, et afin de ne faire ouverture de choses dont nous puissions avoir regret, j’ay retins ledict Brodeau qui estoit sur son partement et que j’avois desjà despesché. Toutesfois, afin que vous congnoissiez les moyens comme j’avois pensé que nous y debvions procéder, je vous envoye les lettres que j’escripvois par luy à mademoiselle de Poncaller et à M. de Guimenay. Je vouldrois bien pour

l’aise que ce me seroit de vostre contentement, que vostre désir et le mien eust sorty effect ; mais quand vous penserez que Dieu diffère bien souvent d’accomplir nos voluntés pour quelques bonnes occasions qui nous sont incongrues, afin de nous mieulx faire puis après, nous conformerons à la sienne, non seulement en cest endroict, mais en tous aultres. Et sur ce, je finiray ma lettre le suppliant de bien bon cueur, ma cousine, qu’y nous en fasse la grace. Escript à Pau, le xxxiiº jour d’apvril. ( Marguerite ajoute de sa main :) Encores, ma cousine, qu’il me desplaist fort dont je voy la chose impossible ; mais si mon cousin, vostre fils, y feust allé dès l’heure que nous despartismes d’ensemble, je pense que nous y eusmes faict quelque chose de bon ; mais à cette heure M. de Guémenée a pris telle amour à M. de Gié, que l’on tient le tout