Page:Marguerite de Navarre - Lettres, éd. Génin, 1841.djvu/418

La bibliothèque libre.
Cette page n’a pas encore été corrigée
398
LETTRES INÉDITES

LETTRES INÉDITES 162. — A MA NIEPCE, MADAME DE NEVERS. et vous,

(Octobre 1549.) Ma niepce, ayant seu le trespas de nostre cousine madame de Nevers’, vostre mère, le roy de Navarre et moy vous avons envoyé ce porteur, non pour essayer à consoler mon nepveu car l’espérience que j’ay faite de la perte d’une bonne mère me fait congnoistre que aultre

que le

vray consolateur

n’y peult donner ordre ; mais bien pour vous prier, ma fille, m’amye, que l’amour si grande que vous portés au mary vous fortifie à supporter et diminuer son ennuy, duquel, je vous asseure, nous avons eu nostre part, tant pour estre proche parenteº de nous deux, que pour la longue amitié que nous luy avons portée ; car elle le méritoit, pour estre dame dont la vertu a tant esté esprouvée en tribulacions, que la louange en sera immortelle. Mais outre la bienheureté où je croy qu’elle est maintenant, elle est doublement heureuse de laisser ung tel fils que mon nepveu, auquel elle demeure vivante avecques vous et vostre belle lignée, où je voy les vertus de la mère revivre et augmenter, dont je me console en celuy qui vous remplit de ces graces, comme sy vous estiés mes propres enfans, car je ne vous porte moindre affec· Morte le 27 octobre, selon le père Anselme. · C’est une politesse de Marguerite ; elles n’étaient que cousines au sixième degré, selon le père Anselme.