Page:Marguerite de Navarre - Lettres, éd. Génin, 1841.djvu/62

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NOTICE

généralement qu’être amoureux de toutes les femmes, princesses ou bergères, était jadis le droit et presque le devoir de quiconque, à tort ou à raison, s’attribuait la qualité de poëte ; que ni Marot ni Marguerite ne se cachèrent de ces prétendues amours ; enfin qu’Henri d’Albret ni personne n’eut la pensée d’en être offensé ou scandalisé. Il est bon de remarquer que, pendant (C

l’âge des les vers de Marot ou d’après ses propres conjectures, mais jamais sous la forme dubitative. M. Auguis a trop aveuglément accepté une tradition qu’il jugeait honorable pour son auteur, et cela le conduit à des erreurs assez graves. Par exemple, voulant quelque part expliquer une prétendue imprudence de la reine de Navarre : Marguerite, dit-il, était jeune et elle aimait. » (T. Ier, p. xxxv.) La phrase a bien la couleur du genre ; par malheur Marguerite avait trente-cinq ans lorsqu’elle épousa en secondes noces le roi de Navarre, et à l’époque dont parle M. Auguis, elle approchait fort de la quarantaine. Ce n’est pas, surtout à la cour, pupilles

inexpérimentées. Mais qui s’arrête à ces considérations-là ? On répétera toujours, sur l’autorité de La Harpe, que Marot a été l’amant heureux de la reine de Navarre : la prescription y est. L’abbé Goujet, scrupuleux inquisiteur des choses littéraires ou relatives aux gens de lettres, ne croit point à ces amours de Marot et de Marguerite. Un éditeur de son temps en avait fait l’historiette , comme M. Auguis : « Mais quelques conjectures que cet éditeur entasse les unes sur les autres, quelque rnure qu’il « leur donne pour faire croire que ce sont autant de vérités fon «  dées sur les poésies mêmes de Marot, je n’y vois rien qu’une « pure fiction, à peu près semblable à celles qui ont été employées « par les écrivains romanesques des amours de Tibulle, de Catulle, d’Horace et de Properce. » ( (Biblioth. française, XI, p. 40.) ac