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DE L’ADORATION

Dedens fa main, ny par long trauailler Auec trois doigts, tout le fablon du mo, de ? Qui a creé dens la mer la Baleine, Et les poiffons viuans au fonds de l’eau ? Qui a creé l’Elephant en la plaine, Et qui a mis au Cerf au Taureau Cornes au front ? Qui defend le rofeau De l’appre vent, qui les Cedres ruine ? Qui fait le beau laid estre ; & le laid, beau ; Le iour ferain, l’efpeffe bruine ? C’eft moy tout feul, fans nuly appeller. Parquoy chacun doit auoir congnoiffance Que ie peux tout. Le muet fais parler, Le fourd ouyr : en mon obeiffance le tiens la mort, Comme ie veux ; luy donne puiffance, fait ce qui me plaift, De chacun veux auoir recongnoiffance D’estre fon Dieu celuy tout feul qui E S T. En mes Esluz ie tue & mortifie Adam viuant, le metz tout à rien ; le refufcite, du tout viuifie Ce Rien, lequel ie remplis de tout bien. Qui a esté enuers moy le moyen De ces beaux faitz ? Nul que ma Sapience, Mon verbe & Filz, qui n’ha rien que du mien ; Dont mon Amour declare la fcience. Ce