Page:Marguerite de Navarre - Marguerites de la Marguerite des princesses, tres illustre royne de Navarre, tome 1 (1547).pdf/278

La bibliothèque libre.
Cette page a été validée par deux contributeurs.
272
DES INNOCENTS.

Ne fait ſinon penſer à me destruire.
En me moquant d’eux, fais tourner ma rouë,
Et mon ſoleil ſur bons & mauuais luire.
Ie voy le cœur d’Herodes fort trembler,
Et ſon conſeil contre moy aſſembler ;
Car le retour des Roys il a bien ſceu.
Il fait du Dieu, & me veult reſſembler,
Cuydant pouoir oster ou r’aſſembler
La vie au corps ; mais il en eſt deceu.
Les ſages Roys ont bien mon Filz receu,
Mais ce tyrant par grande cruauté
Le mettre à mort dens ſon cœur a conceu,
Pour conſeruer ſa vaine royauté.
Roys de lá bas, eſcoutez promptement ;
Et vous außi, qui ſoubs moy puiſſamment
Iugez la terre en vostre obeïſſance :
Or apprenez mon ſaint enſeignement,
Et me ſeruez craingnant reueremment :
Reſiouyſſez voz cœurs par congnoiſſance,
Et en tremblant voyans ma grand puiſſance,
Baiſez mon Filz, & luy faites hommage,
Et vous aurez de m’embraſſer licence ;
On autrement ce vous ſera dommage :
En le baiſant pour Seigneur & pour Roy,
En l’adorant homme & Dieu par la Foy,
Soubsmettant cœur & corps à ſon empire,

Par