Page:Margueritte - À la mer, 1906.djvu/58

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— Viens voir, il y a des portraits nouveaux, de gens que tu ne connais pas !

Albert se prêtait à son désir, se penchant avec condescendance, le front près du front de l’enfant, quand la bonne annonça :

Madame est servie.

Ferdinand offrit son bras à Mme Janville, Albert à Gabrielle ; elle avait une robe ouverte en carré, les bras à moitié nus —, il les devinait fermes et doux, lisses comme la peau des roses-thé, et il aurait eu grande envie de promener seulement son doigt sur le bras blanc qu’il tenait sous le sien ; il se contenta de caresser la main de Brielle qui se laissa faire en le regardant avec un air innocent et cependant complice, un sourire où, sous la con-descendance maternelle que lui conféraient son âge et le titre de « tante », quelque chose de séducteur perçait. Il devint tout rouge en sentant qu’elle lui pressait les doigts, et la petite caresse dure d’une bague qui le serra lui fit du mal et du bien, fit passer dans son dos un chaud et voluptueux petit courant. Nénette, gravement, toute seule, les sui-vait.

A peine eut-on mangé le potage que lai bonne apporta une dépêche. Ferdinand tendit la main