Page:Margueritte - À la mer, 1906.djvu/80

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pour qu’il crût son rêve fou réalisé ; mais maternelle, elle lui dit :

— Mange ton chocolat, il n’est est pas trop chaud !

Il fit le geste de refus du prisonnier décidé à mourir de faim, si la princesse qui le visite ne consent pas immédiatement à le rendre heureux, mais elle lui mit de force la tasse dans les mains, et il dut la prendre sous peine d’en renverser le contenu sur les draps. Il fit tout son possible seulement pour ne pas paraître ridicule en cassant son pain grillé et en avalant le chocolat, sur les cuillerées duquel il dut souffler, parce qu’il était tout de même trop chaud ; sa « tante » le regardait, pensive, sérieuse, comme vieillie.

— Écoute-moi, mon petit Albert, dit-elle enfin, — je t’aime bien et je veux que nous soyons toujours bons amis, mais ce sera à condition que tu me respecteras comme tu le dois. Quand tu t’es comporté hier de la façon que tu sais dans la voiture, je n’ai pas osé me défendre, à cause du cocher, mais ne recommence jamais, sans quoi je serais forcée d’avertir Ferdinand. Qu’est-ce qu’il dirait ? Vois-tu, je suis bonne fille, je me montre familière avec toi, j’ai moi aussi du plaisir à t’embrasser, tu es un bon petit garçon que