Page:Marie de France - Poésies, éd. Roquefort, II, 1820.djvu/15

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NOTICE.

troupes, pour faire, à leur gré, la paix ou la guerre, pour démembrer l’état et pour multiplier ainsi la tyrannie. Les grands ne sembloient paroître à la cour du suzerain que pour se mettre à l’enchère afin d’écraser leur ennemi et de partager ses dépouilles ou quelquefois pour vendre leurs services et trafiquer de leur loyauté. Loin d’être les protecteurs des veuves, des orphelins, des voyageurs ou des marchands, ils dépouilloient les uns, voloient les autres, et taxoient les derniers d’une façon arbitraire.

Les ecclésiastiques et les gens de loi, avides de richesses, également sûrs de l’impunité, suivoient le même exemple.

Le paysan esclave et attaché à la terre qui l’avoit vu naître y étoit vendu comme le bétail qu’il élevoit. Aussi une infinité de personnes molestées par l’abus de pouvoir, alloient chercher dans d’autres cantons une situation plus douce.

Si quelques publicistes pensent que la liberté soit le don le plus funeste qu’on puisse faire à un peuple agité, ignorant et corrompu, parce qu’il ne sait ni l’apprécier, ni la défendre, on conviendra sans doute que l’esclavage dans lequel vivoit l’Europe entière pendant les XII et XIIIe siècles étoit