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POÉSIES

De pennes l’aveit fait si bel[1]
[a]Qe n’aveit fait nul autre oisel.10
Le Poons dist qu’il se cremeit[2]
Q’à tuz oisiauz plus vilx esteit
Pur ce que ne sot bel chanter.
Ele respunt lesse m’ester[3],
Bien te deit ta biauté soufire ;
Nenil, fet-il, bien le puis dire
[b]Qant li Rossegnex[4] q’est petiz
A meillur voiz, j’en sui honniz.

MORALITÉ.

Qui plus cuvoite que ne deit
Sa cuvoitise le deçeit ;20

  1. Qu’il ne veoit nul altre oisel.

  2. Quant li roussingnolez petiz.

  1. Elle lui avoit donné des plumes d’une beauté si éclatante, qu’aucun autre oiseau ne pouvoit lui être comparé.
  2. Le paon répondit à la déesse, que sa voix l’effrayoit, qu’il ne pouvoit l’entendre, et que malgré la beauté de son plumage, il se regardoit comme l’oiseau le plus malheureux, puisqu’il ne pouvoit former aucun son agréable.
  3. Laisse-moi tranquille, en repos.
  4. Rossignol.