Page:Marie de France - Poésies, éd. Roquefort, II, 1820.djvu/242

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
232
POÉSIES

Icil Oisiax suleit[1] paller
E les matinées kanter.
Li Juiges dist qu’il ot meffeit[2],
Celui a fait semenre à pleit[3].10
Au jur que cil esteit semuns[4]
Qi deveit fère sun respuns[5]
De cordoan prist une pel[6],
Si la mise soz sun mantel.

  1. Avoit coutume de parle.
  2. Que le voisin avoit mal fait, mal agi.
  3. Il le fit citer à son tribunal. C’étoit sur le perron du château, ou sur la motte ou mothe, sorte d’élévation artificielle qu’on plaçoit auprès des châteaux, pour marquer la chastellenie, que les seigneurs ou leurs officiers rendoient la justice. Le seigneur y tenoit les plaids et les assises sous un chêne, ou sous un orme, au pied duquel étoit une grosse pierre qui servoit de siége au juge : les huissiers y faisoient leur proclamations au nom du seigneur. Dans plusieurs coutumes l’arbre du perron ou de la motte étoit compris dans la portion des fiefs réservée par préciput au fils aîné. Les jugements qui s’y rendoient étoient appelés les plaids de la porte ; c’est ainsi que Louis IX rendoit la justice au bois du château de Vincennes ; et Joinville fut souvent employé pour remplir ce ministère au nom du roi. Voyez l’histoire de Saint Louis, par Jehan, sire de Joinville, imp, roy., 1761, pag. 13 et 14.
  4. Appelé, cité.
  5. Subir son interrogatoire, répondre à la plainte.
  6. Il prit une peau ou un cuir qu’il cacha sous son man-