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NOTICE.

on ne pouvoit publier un ouvrage sans annoncer qu’il étoit traduit du latin ou de l’anglois[1]. En effet, la plus grande partie de nos anciens romanciers, particulièrement ceux de Charlemagne et de la Table-Ronde, affirment que leurs ouvrages sont traduits du latin.

Mais c’est une grande question parmi les savants que de savoir si ces ouvrages ont jamais existé dans cette langue ; et comme cette question n’a pas été débattue aussi sérieusement qu’elle le mérite, la décision de Le Grand me paroît irréfléchie ; j’ajouterai même qu’elle me semble au moins très-hasardée, puisque l’on peut produire plusieurs des originaux qui ont servi de guide à nos anciens trouvères. Tels sont les écrits de Geoffroy de Monmouth, la Chronique de Charlemagne du faux Turpin, l’histoire du Siége de Troie, par Darès le Phrygien et par Dictys de Crète ; l’Image du monde, les Traités de physique et d’histoire naturelle mis en vers françois par Phylippe de Than, Gautier de Metz, Guillaume de Normandie, Osmont ; puis le recueil du Castoyement, le roman de Dolopathos, etc.[2].

  1. Fabliaux, tom. IV, p. 160.
  2. M. de La Rue. Recherches sur les ouvrages des Bardes de la Bretagne Armoricaine, p. 64.