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il me répondait alors par quelques banalités et je ne poussais pas plus loin mes questions.

C’est à cette époque évidemment, qu’il vivait son joli roman d’Azyadé, et la réalité de ce roman ne fait aucun doute pour moi, quoique, je le répète, il ne m’aie jamais fait, de près ou de loin, aucune confidence à ce sujet ; mais certains détails du livre se rapportent trop exactement à certains menus faits contemporains, dont j’ai gardé le souvenir, pour que je garde un doute sur l’existence réelle de son héroïne, plus ou moins embellie et poétisée, d’après le droit des romanciers.

J’ai donc connu Viaud au moment d’Azyadé, et j’ai eu de lui la primeur de Rarahu. Quand a paru « le mariage de Loti », j’y ai reconnu des chapitres entiers des récits de Viaud et j’ai couru dénoncer le « plagiat » à mon ami Achille de la Librairie Nouvelle. On m’a rassuré en m’apprenant que Viaud et Loti ne faisaient qu’un. »

C’est en Janvier 79, qu’Azyadé parut sous ce titre : Azyadé (Stamboul 76-77). Extraits des notes d’un lieutenant de la marine anglaise entré au service de la Turquie le 10 janvier 1876, tué sous les murs de Kars, le 27 octobre 1877.

Ce livre, qui passa presque inaperçu, se compose en partie de lettres échangées entre Loti, sa sœur aînée et son ami Plumkett, lequel n’est autre qu’un de ses collègues de la marine, lui-même écrivain de talent, le capitaine de vaisseau Jousselin. Azyadé offre un curieux mélange de tirades déclamatoires et de digressions d’un cynisme affecté et