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lorsqu’il se trouve en compagnie de mondains indifférents ou hostiles, est à coup sûr peu favorable. Mais Loti déteste les snobs, leur pose, leurs passe-temps inesthétiques, en particulier l’automobilisme qui, terrorisant les calmes paysans basques, rend impraticables la plupart des chemins. Bien différente est l’opinion qu’ont de Loti ceux près de qui il consent à être lui-même. Il sait être alors un véritable charmeur, ayant non seulement vu passer sous ses yeux plus de décors différents qu’aucun homme au monde, mais sachant juger en artiste achevé les productions de l’art et de la littérature.

Nous avons parlé des dessins de Loti à propos de l’Océanie, Loti élève de sa sœur aînée possède une originalité de talent qui n’est point d’ordinaire le fait des amateurs. Loti en même temps est un mélomane passionné, fervent des maîtres du passé ainsi que de ceux des modernes, qui comme César Frank ont su les égaler ; Loti du reste est lui-même exécutant, et son jeu nuancé de pianiste est digne d’attirer l’attention.

Nous voudrions ne pas contredire Loti qui affirma jadis et affirme encore ne lire jamais. Il est difficile cependant de le croire absolument sur ce point, car il est impossible de causer avec Loti sans constater qu’il apprécie les maîtres en littérature autrement que pour en avoir entendu parler. Et cela n’est point vrai seulement des Goncourt que fréquenta Loti, ou de Daudet qui fut son intime, mais même de maîtres moins unanimement appréciés tels que Villiers de l’Isle