Page:Marivaux - Œuvres complètes, édition Duviquet, 1825, tome 2.djvu/160

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je suis poli, elle me goûte ; je lui dis des douceurs, elle m’en rend ; je folâtre, elle le veut bien, pratique de politesse, commodité de savoir-vivre, pure amourette que tout cela dans le mari ; la fidélité conjugale n’y est point offensée ; celle de province n’est pas de même, elle est sotte, revêche et tout d’une pièce, n’est-il pas vrai ?

MARTON

Oh ! oui, mais ma maîtresse fixera peut-être votre maître, car il me semble qu’il l’aimera assez volontiers, si je ne me trompe.

FRONTIN

Vous avez raison, je lui trouve effectivement comme une vapeur d’amour pour elle.

MARTON

Croyez-vous ?

FRONTIN

Il y a dans son cœur un étonnement qui pourrait devenir très sérieux ; au surplus, ne vous inquiétez pas, dans les amourettes on n’aime qu’en passant, par curiosité de goût, pour voir un peu comment cela fera ; de ces inclinations-là, on en peut fort bien avoir une demi-douzaine sans que le cœur en soit plus chargé, tant elles sont légères.

MARTON

Une demi-douzaine ! cela est pourtant fort, et pas une sérieuse…

FRONTIN

Bon, quelquefois tout cela est expédié dans la semaine ; à Paris, ma chère enfant, les cœurs, on ne