Page:Marivaux - Œuvres complètes, édition Duviquet, 1825, tome 2.djvu/192

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DORANTE

Je pense qu’il écrit à Paris, et je sors d’un entretien avec sa mère.

DORIMÈNE

Tant pis, cela n’est pas amusant, il vous en reste encore un air froid et raisonnable, qui me gagnerait si nous restions ensemble ; je vais faire un tour sur la terrasse : allez, Dorante, allez dire à Rosimond que je l’y attends.

DORANTE

Un moment, Madame, je suis chargé d’une petite commission pour vous ; c’est que je vous avertis que la Marquise ne trouve pas bon que vous entreteniez le Marquis.

DORIMÈNE

Elle ne le trouve pas bon ! Eh bien, vous verrez que je l’en trouverai meilleur.

DORANTE

Je n’en ai pas douté : mais ce n’est pas là tout ; je suis encore prié de vous inspirer l’envie de partir.

DORIMÈNE

Je n’ai jamais eu tant d’envie de rester.

DORANTE

Je n’en suis pas surpris ; cela doit faire cet effet-là.

DORIMÈNE

Je commençais à m’ennuyer ici, je ne m’y ennuie plus ; je m’y plais, je l’avoue ; sans ce discours de la Marquise, j’aurais pu me contenter de défendre à Rosimond de se marier, comme je l’avais résolu en