Page:Marivaux - Œuvres complètes, édition Duviquet, 1825, tome 2.djvu/206

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fera prendre son parti ? Il me semble que cela demeure bien longtemps à se déterminer. À qui est-ce la faute ?

ROSIMOND

Ah ! vous me querellez aussi ! Dites-moi, que voulez-vous qu’on fasse ? Ne sont-ce pas nos parents qui décident de cela ?

DORIMÈNE

Qu’est-ce que c’est que des parents, Monsieur ? C’est l’amour que vous avez pour moi, c’est le vôtre, c’est le mien qui en décideront, s’il vous plaît. Vous ne mettrez pas des volontés de parents en parallèle avec des raisons de cette force-là, sans doute, et je veux demain que tout cela finisse.

ROSIMOND

Le terme est court, on aurait de la peine à faire ce que vous dites là ; je désespère d’en venir à bout, moi, et vous en parlez bien à votre aise.

DORIMÈNE

Ah ! je vous trouve admirable ! Nous sommes à Paris, je vous perds deux jours de vue ; et dans cet intervalle, j’apprends que vous êtes parti avec votre mère pour aller vous marier, pendant que vous m’aimez, pendant qu’on vous aime, et qu’on vient tout récemment, comme vous le savez, de congédier là-bas le Chevalier, pour n’avoir de liaison de cœur qu’avec vous ? Non, Monsieur, vous ne vous marierez point :