Page:Marivaux - Œuvres complètes, édition Duviquet, 1825, tome 2.djvu/243

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DORIMÈNE

Eh ! point du tout, nous avons pensé nous quereller là-dessus à cause de la répugnance que j’y avais : il n’a pas même voulu que je fusse présente à votre entretien. Il est vrai que le motif de son obstination est si tendre, que je me serais rendue ; mais j’accours pour vous prier de laisser tout là. Je viens de rencontrer la Marquise qui m’a saluée d’un air si glacé, si dédaigneux, que voilà qui est fait, abandonnons ce projet ; il y a des moyens de se passer d’une cérémonie si désagréable : elle me rebuterait de notre mariage.

ROSIMOND

Il ne se fera jamais, Madame.

DORIMÈNE

Vous êtes un petit emporté.

HORTENSE

Vous voyez, Madame, jusqu’où le dépit porte un cœur tendre.

DORIMÈNE

C’est que c’est une démarche si dure, si humiliante.

HORTENSE

Elle est nécessaire ; il ne serait pas séant de vous marier sans l’aveu de Madame la Marquise, et nous allons agir mon père et moi, s’il ne l’a déjà fait.

ROSIMOND

Non, Madame, je vous prie très sérieusement qu’il ne s’en mêle point, ni vous non plus.

DORIMÈNE

Et moi, je vous prie qu’il s’en mêle, et vous aussi,