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SCÈNE II.

LISETTE

Ce que j’aime de ta comédie, c’est que nous nous la donnerons à nous-même ; car je pense que nous allons tenir de jolis propos.

MERLIN

De très-jolis propos ; car, dans le plan de ma pièce, vous ne sortez point de votre caractère, vous autres. Toi, tu joues une maligne soubrette à qui l’on n'en fait point accroire, et te voilà. Blaise a l’air d’un nigaud pris sans vert, et il en fait le rôle. Une petite coquette de village et Colette, c’est la même chose. Un joli homme et moi, c’est tout un. Un joli homme est inconstant, une coquette n’est pas fidèle. Colette trahit Blaise, je néglige ta flamme. Blaise est un sot qui en pleure, tu es une diablesse qui t’en mets en fureur ; et voilà ma pièce. Oh ! Je défie qu’on arrange mieux les choses.

BLAISE

Oui ; mais si ce que j’allons jouer allait être vrai ! Prenez garde, au moins ; il ne faut pas du tout de bon ; car j’aime Colette, dame !

MERLIN

À merveille ! Blaise, je te demande ce ton de nigaud-là dans la pièce.