Page:Marivaux - Œuvres complètes, édition Duviquet, 1825, tome 3.djvu/328

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LÉLIO

Explique-toi donc ; que t’a-t-elle dit ?

ARLEQUIN

Bien des choses. Elle me demandait si nous nous trouvions bien ensemble, comment s’appelaient votre père et votre mère, de quel métier ils étaient, s’ils vivaient de leurs rentes ou de celles d’autrui. Moi, je lui ai dit : que le diable emporte celui qui les connaît ! je ne sais pas quelle mine ils ont, s’ils sont nobles ou vilains, gentilshommes ou laboureurs : mais que vous aviez l’air d’un enfant d’honnêtes gens. Après cela elle m’a dit : je vous salue. Et moi je lui ai dit : vous me faites trop de grâces. Et puis c’est tout.

LÉLIO

, à part.

Quel galimatias ! Tout ce que j’en puis comprendre, c’est que la Princesse s’est informée de lui s’il me connaissait. Enfin tu lui as donc dit que tu ne savais pas qui je suis ?

ARLEQUIN

Oui ; cependant je voudrais bien le savoir ; car quelquefois cela me chicane. Dans la vie il y a tant de fripons, tant de vauriens qui courent par le monde pour fourber l’un, pour attraper l’autre, et qui ont bonne mine comme vous. Je vous crois un honnête garçon, moi.

LÉLIO

, en riant.

Va, va, ne t’embarrasse pas, Arlequin ; tu as bon maître, je t’en assure.