Page:Marivaux - Œuvres complètes, édition Duviquet, 1825, tome 3.djvu/378

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HORTENSE

Si vous cherchez à m’attendrir, je vous avertis que je vous quitte ; je n’aime point qu’on exerce mon courage.

LÉLIO

Ah ! Madame, il ne vous en faut pas beaucoup pour résister à ma douleur.

HORTENSE

Eh ! Monsieur, je ne sais point ce qu’il m’en faut, et ne trouve point à propos de le savoir. Laissez-moi me gouverner, chacun se sent ; brisons là-dessus.

LÉLIO

Il n’est que trop vrai que vous pouvez m’écouter sans aucun risque.

HORTENSE

Il n’est que trop vrai ! Oh ! je suis plus difficile en vérités que vous ; et ce qui est trop vrai pour vous ne l’est pas assez pour moi. Je crois que j’irais loin avec vos sûretés, surtout avec un garant comme vous ! En vérité, Monsieur, vous n’y songez pas : il n’est que trop vrai ! Si cela était si vrai, j’en saurais quelque chose ; car vous me forcez, à vous dire plus que je ne veux, et je ne vous le pardonnerai pas.

LÉLIO

Si vous sentez quelque heureuse disposition pour moi, qu’ai-je fait depuis tantôt qui puisse mériter que vous la combattiez ?