Page:Marivaux - Œuvres complètes, édition Duviquet, 1825, tome 3.djvu/386

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mais la trop grande proximité des deux États entretient depuis vingt ans des guerres qui ne finissent que pour des instants, et qui recommenceront bientôt entre deux nations voisines, et dont les intérêts se croiseront toujours. Vos peuples sont fatigués ; mille occasions vous ont prouvé que vos ressources sont inégales aux nôtres. La paix que nous venons de faire avec vous, vous la devez à des circonstances qui ne se rencontreront pas toujours. Si la Castille n’avait été occupée ailleurs, les choses auraient bien changé de face.

LÉLIO

Point du tout ; il en aurait été de cette guerre comme de toutes les autres. Depuis tant de siècles que cet État se défend contre le vôtre, où sont vos progrès ? Je n’en vois point qui puissent justifier cette grande inégalité de forces dont vous parlez.

L’AMBASSADEUR

Vous ne vous êtes soutenus que par des secours étrangers.

LÉLIO

Ces mêmes secours dans bien des occasions vous ont aussi rendu de grands services ; et voilà comment subsistent les États : la politique de l’un arrête l’ambition de l’autre.

FRÉDÉRIC

Retranchons-nous sur des choses plus effectives, sur la tranquillité durable que ce mariage assurerait aux deux peuples qui ne seraient plus qu’un, et qui n’auraient plus qu’un même maître.