Page:Marivaux - Œuvres complètes, édition Duviquet, 1825, tome 3.djvu/443

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TRIVELIN

Oh ! que non ; je pense qu’il était de Québec, quelque part dans cette Égypte, et qu’il vivait du temps du déluge. Nous avons encore de lui le fort belles satires ; et mon maître l’aimait beaucoup, lui et tous les honnêtes gens de son temps, comme Virgile, Néron, Plutarque, Ulysse et Diogène.

FRONTIN

Je n’ai jamais entendu parler de cette race-là, mais voilà de vilains noms.

TRIVELIN

De vilains noms ! c’est que tu n’y es pas accoutumé. Sais-tu bien qu’il y a plus d’esprit dans ces noms-là que dans le royaume de France ?

FRONTIN

Je le crois. Et que veulent dire : les modernes ?

TRIVELIN

Tu m’écartes de mon sujet ; mais n’importe. Les modernes, c’est comme qui dirait… toi, par exemple.

FRONTIN

Oh ! oh ! je suis un moderne, moi ! .

TRIVELIN

Oui, vraiment, tu es un moderne, et des plus modernes ; il n’y a que l’enfant qui vient de naître qui l’est plus que toi, car il ne fait que d’arriver.

FRONTIN

Et pourquoi ton maître nous haïssait-il ?