Page:Marivaux - Œuvres complètes, édition Duviquet, 1825, tome 3.djvu/490

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ARLEQUIN

Et je te cherchais aussi pour te parler.

TRIVELIN

Et que veux-tu de moi ?

ARLEQUIN

T’entretenir de louis d’or.

TRIVELIN

Encore des louis d’or ! Mais tu as une mine d’or dans ta tête.

ARLEQUIN

Dis-moi, mon ami, où as-tu pris toutes ces pistoles que je t’ai vu tantôt tirer de ta poche pour la bouteille de vin que nous avons bu au cabaret du bourg ? Je voudrais bien savoir le secret que tu as pour en faire.

TRIVELIN

Mon ami, je ne pourrais guère te donner le secret d’en faire ; je n’ai jamais possédé que le secret de le dépenser.

ARLEQUIN

Oh ! j’ai aussi un secret qui est bon pour cela, moi ; je l’ai appris au cabaret en perfection.

TRIVELIN

Oui-da, on fait son affaire avec du vin, quoique lentement ; mais en y joignant une pincée d’inclination pour le beau sexe, on réussit bien autrement.

ARLEQUIN

Ah le beau sexe, on ne trouve point de cet ingrédient-là ici.