Page:Marivaux - Œuvres complètes, édition Duviquet, 1825, tome 4.djvu/386

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ARLEQUIN

J’ai découvert un micmac, seigneur Hermocrate ; il s’agit d’une affaire de conséquence ; il n’y a que le diable et ces personnages-là qui le sachent ; mais il faut voir ce que c’est.

HERMOCRATE

Explique-toi.

ARLEQUIN

Je viens de trouver ce petit garçon qui était dans la posture d’un homme qui écrit : il rêvait, secouait la tête, mirait son ouvrage ; et j’ai remarqué qu’il avait une coquille auprès de lui où il y avait du gris, du vert, du jaune, du blanc, et où il trempait sa plume ; et comme j’étais derrière lui, je me suis approché pour voir son original de lettre ; mais voyez le fripon ! ce n’était point des mots ni des paroles, c’était un visage qu’il écrivait ; et ce visage-là, c’était vous, Seigneur Hermocrate.

HERMOCRATE

Moi !

ARLEQUIN

Votre propre visage, à l’exception qu’il est plus court que celui que vous portez ; le nez que vous avez ordinairement tient lui seul plus de place que vous tout entier dans ce minois : Est-ce qu’il est permis de rapetisser la face des gens, de diminuer la largeur de leur physionomie ? Tenez, regardez la mine que vous faites là-dedans.

Il lui donne un portrait.