Page:Marivaux - Œuvres complètes, édition Duviquet, 1825, tome 6.djvu/250

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d’y acquiescer. Hélas ! cependant que vous manque-t-il ? Ce n’est ni la beauté, ni les grâces, ni la vertu, ni le bel esprit, ni l’excellent cœur ; et voilà pourtant tout ce qu’il y a de plus rare, de plus précieux ; voilà les vraies richesses d’une femme dans le mariage, et vous les avez à profusion : mais vous n’avez pas vingt mille livres de rentes, on ne ferait aucune alliance en vous épousant ; on ne connaît point vos parents, qui nous feraient peut-être beaucoup d’honneur ; et les hommes, qui sont sots, qui pensent mal, et à qui pourtant je dois compte de mes actions là-dessus, ne pardonnent point aux disgrâces dont vous souffrez, et qu’ils appellent des défauts.

La raison vous choisirait, la folie des usages vous rejette.

Tout ce détail, je vous. le fais par amitié, et afin que vous ne regardiez pas les secours que je vous demande contre l’amour de Valville comme un sujet d’humiliation pour vous.

Eh ! mon Dieu, madame, ma chère mère (puisque vous m’accordez la permission de vous appeler ainsi), que vous êtes bonne et généreuse ! m’écriai-je en me jetant à ses genoux, d’avoir tant d’attention, tant de ménagement pour une pauvre fille qui n’est