Page:Marivaux - Œuvres complètes, édition Duviquet, 1825, tome 6.djvu/361

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À ce discours, pas un mot de ma part ; j’étais anéantie.

Là-dessus, Valville arrive d’un air riant ; mais, à l’aspect de Mme Dutour, le voici qui rougit, qui perd contenance, et qui reste immobile à son tour. Vous jugez bien qu’il comprit toutes les fâcheuses conséquences de cette aventure ; ceci, au reste, se passa plus vite que je ne puis le raconter.

Doucement, madame Dutour, doucement, dit, alors Mlle de Fare ; vous vous trompez sûrement, vous ne savez pas à qui vous parlez. Mademoiselle n’est pas cette Marianne pour qui vous la prenez.

Ce ne l’est pas ! s’écria encore la marchande, ce ne l’est pas ! Ah ! pardi, en voici bien d’un autre : vous verrez que je ne suis peut-être pas Mme Dutour aussi, moi ! Eh ! merci de ma vie ! demandez-lui si je me trompe. Eh bien ! répondez donc, ma fille, n’est-il pas vrai que c’est vous ? Dites donc, n’avez-vous pas été quatre ou cinq jours en pension chez moi pour apprendre le négoce ? C’était M. de Climal qui l’y avait mise, et puis qui la laissa là un beau jour de fête ; bon jour, bonne œuvre ; adieu, va où tu pourras ! Aussi pleurait-elle, il faut voir, la pauvre orpheline ! je la trouvai échevelée comme une Madeleine, une nippe d’un côté, une nippe d’un autre ; c’était une vraie pitié.

Mais, encore une fois, prenez garde, madame, prenez garde, car cela ne se peut pas, dit Mlle de Fare étonnée. Oh bien, je ne dis pas que cela se puisse, mais je dis que cela est, reprit la Dutour. Eh !