Page:Marivaux - Œuvres complètes, édition Duviquet, 1825, tome 6.djvu/78

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Mais je m’écarte toujours ; je vous en demande pardon, cela me réjouit ou me délasse ; et encore une fois, je vous entretiens.

je fus donc bientôt habillée ; et en vérité, dans cet état, j’effaçais si fort la pauvre Toinon que j’en avais honte. La Dutour me trouvait charmante, Toinon contrôlait mon habit ; et moi, j’approuvais ce qu’elle disait par charité pour elle : car si j’avais paru aussi contente que je l’étais, elle en aurait été plus humiliée ; ainsi je cachais ma joie. Toute ma vie j’ai eu le cœur plein de ces petits égards-là pour le cœur des autres.

Il me tardait de me montrer et d’aller à l’église pour voir combien on me regarderait. Toinon, qui tous les jours de fête était escortée de son amant, sortit avant moi, de crainte que je ne la suivisse, et que cet amant, à cause de mon habit neuf, ne me regardât plus qu’elle, si nous allions ensemble ; car chez de certaines gens, un habit neuf, c’est presque un beau visage.

Je sortis donc toute seule, un peu embarrassée de