Page:Marivaux - Œuvres complètes, édition Duviquet, 1825, tome 7.djvu/12

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Nous sommes à la lettre de Valville que je lisais, et que j’achevais malgré les soupirs qui me suffoquaient. Mlle Varthon avait les yeux fixés à terre, et paraissait rêver profondément en pleurant.

Pour moi, la tête renversée dans mon fauteuil, je restai presque sans sentiment. À la fin je me soulevai, et me mis à regarder cette lettre. Ah ! Valville, m’écriai-je, je n’avais donc qu’à mourir ! Et puis, tournant les yeux sur Mlle Varthon ; Ne vous affligez pas, mademoiselle, lui dis-je ; vous serez bientôt libre de vous aimer tous deux ; je ne vivrai pas longtemps. Voilà du moins le dernier de tous mes malheurs.

Ace discours, cette jeune personne, sortant tout d’un coup de sa rêverie, et m’apostrophant d’un air assuré :

Eh ! pourquoi voulez-vous mourir ? me dit-elle. Pour qui êtes-vous si désolée ? Est-ce là un homme digne de votre douleur, digne de vos larmes ? Est-ce là celui que vous avez prétendu aimer ? Est-il tel que vous le pensiez ? Auriez-vous fait cas de lui, si vous l’aviez connu ? Vous y seriez-vous attachée ? Auriez-vous voulu de son cœur ? Il est vrai que vous l’avez cru aimable, j’ai cru aussi qu’il l’était ; et vous vous