Page:Marivaux - Œuvres complètes, édition Duviquet, 1825, tome 7.djvu/138

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point, qui ne me souhaitait ni ne me haïssait, dont l’accueil n’était que tiède ou distrait, et point impoli, et à qui en effet je ne faisais ni plaisir ni peine.

Il y avait déjà près de cinq mois que cela durait, quand un matin il vint un laquais de Mme de Sainte-Hermières me prier de sa part d’aller dîner chez elle. Cette invitation, à laquelle je me rendis, me parut nouvelle dans les termes où nous en étions toutes deux ; mais ce qui me surprit encore davantage en arrivant, ce fut de voir cette dame reprendre avec moi cet air affectueux et caressant dont il n’était plus question depuis si longtemps.

Je la trouvai avec un gentilhomme qui ne venait chez elle que depuis ma disgrâce, et que je ne connaissais moi-même que pour l’avoir rencontré au château dans mes deux dernières visites ; homme à peu près de quarante ans, infirme, presque toujours malade, souvent mourant ; un asthmatique qui aurait, disait-on, fort aimé la dissipation et le plaisir, mais à qui sa mauvaise santé et la nécessité de vivre de régime n’avaient laissé d’autre chose à faire que d’être dévot, et dont la mine, au moyen de cette