Page:Marivaux - Œuvres complètes, édition Duviquet, 1825, tome 7.djvu/155

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Je me souviens que l’abbé se leva lui-même d’un air assez honteux.

Quoi ! vous, mademoiselle ! Vous que j’ai crue si vertueuse ! Ah ! madame, à qui se fiera-t-on ? dit alors M. de Sercour.

Il me fut impossible de répondre, mes sanglots me suffoquaient. Pardonnez-moi le chagrin que je vous donne, monsieur, lui dit alors l’abbé ; ce n’est que depuis trois ou quatre jours que je sais l’intérêt que vous prenez à mademoiselle, et la nécessité où elle est, dit-elle, de vous épouser. Dans le trouble où la jetait ce mariage, elle a souhaité de me voir encore une fois, et c’est une consolation que je n’ai pu lui refuser. J’ai cédé à ses instances, à ses chagrins, au billet que voici, ajouta-t-il en lui faisant lire le peu de mots qu’il contenait ; enfin, monsieur, elle pleurait, elle pleure encore, elle est aimable, et je ne suis qu’un homme.

Quoi ! ce billet !… m’écriai-je alors. Et je m’arrêtai là ; je n’eus pas la force de continuer ; je demeurai sans sentiment dans mon fauteuil.

L’abbé s’éclipsa ; il fallut emporter M. de Sercour, qui, me dit-on, se trouva mal aussi, et qui ensuite voulut absolument s’en retourner chez lui.

À mon égard, revenue à moi par les soins de la complice de l’abbé (je parle de Mme de Sainte-Hermières, dont vous avez déjà dû entrevoir la perfidie, et qui se retira dès que je commençai à ouvrir les yeux), en vain demandai-je à lui parler, elle ne revint point, je ne vis que ses femmes. Le fièvre me reprit, et l’on me