Page:Marivaux - Œuvres complètes, édition Duviquet, 1825, tome 7.djvu/157

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l’opprobre où je tombai ; non qu’ils me crussent absolument innocente, mais jamais il n’y eut moyen de leur persuader que je fusse aussi coupable qu’on le supposait.

Cependant ma fièvre cessa, et ma première attention, dès que je me vis en état de m’expliquer, ce fut de leur raconter tout ce que je savais de mon histoire, et de leur dire les justes soupçons que j’avais que Mme de Sainte-Hermières était de moitié avec le neveu, qu’ils croyaient un homme de bien, et que je crus devoir démasquer, en leur confiant, sous le sceau du secret, l’aventure de ce misérable avec la religieuse.

Il ne leur en fallut pas davantage pour achever de les désabuser sur mon compte, et dès cet instant ils ne cessèrent de soutenir partout avec courage que le public était trompé, qu’on jugeait mal de moi, qu’on le verrait peut-être quelque jour (et ils prophétisaient), qu’il était faux que l’abbé fût mon amant, ni qu’il eût jamais osé me parler d’amour ; qu’à la vérité il était question d’un fait incompréhensible, et qui mettait l’apparence contre moi, mais que je n’y avais point d’autre part que d’en avoir été la victime.

Ils avaient beau dire, on se moquait d’eux, et je passai trois mois dans le désespoir de cet état-là.

Je voulus d’abord paraître pour me justifier, dès